Liu Bolin : l’art du camouflage
Il est artiste, il est Chinois et il est mondialement reconnu… pour être invisible. Liu Bolin utilise l’art du camouflage pour se fondre dans les paysages. Outre le côté sympathique, il s’agit surtout de contestation.
Mais retraçons quelques lignes de l’histoire de l’artiste créateur des œuvres ici présentées. Certains affirment qu’elle est digne des plus beaux contes. « Au commencement, un jeune chinois pétri de talent, brillamment diplômé de l’Université de Shandong et de l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin, décide de consacrer sa vie à la sculpture. Liu Bolin a 27 ans et un bel avenir devant lui, d’autant qu’aux décombres de la révolution culturelle succèdent les années 2000 et une croissance économique fulgurante.
Mais en novembre 2005, tout bascule. Pour des raisons immobilières liées à l’organisation des Jeux olympiques – c’est la thèse officiellement avancée – les autorités décident de détruire le village de Suo Jia Cun constituant alors la plus grande concentration d’ateliers d’artistes chinois, et où Liu était lui-même établi. Le jeune artiste est anéanti et, pour exorciser sa peine, va s’immortaliser mais à sa manière, frappante et inédite, devant les immeubles en ruines. Il ne se contente pas de prendre la pose, il se fond littéralement dans les décombres ou les instruments de démolition. Voilà, signifie-t-il ainsi au pouvoir, comment on a voulu, lui et ses “comparses“ les gommer du paysage. » D’où le premier travail ci-dessous qui correspond donc à la disparition immortalisée du lieu, véritable point de départ de l’odyssée artistique.
Liu Bolin a obtenu un diplôme de sculpture en 1995. Il fait partie des artistes chinois qui se font connaître du monde entier dans les années 1990. Dès sa première exposition solo, en 1998, les yeux avisés et le grand public se sont tournés vers cet homme qui se cache dans des environnements improbables.
Liu Bolin a désormais acquis une reconnaissance internationale et est l’un des porte-drapeaux de la contestation artistique en Chine. Pas mal, pour un homme invisible.
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